Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Noires comme l'encre
Noires comme l'encre
Publicité
Archives
31 mai 2008

...

Noir. Un noir complet, comme une nuit sans Lune. Je suis aveugle et une odeur étrange m'ennivre. L'odeur de la mort. L'odeur de la peur. Une odeur agressive mais fruitée comme du miel.
Un battement de coeur.
Todom. Todom.
Ma chair se hérisse. Picotements dans la nuque.
Todom. Todom.
C'est mon coeur, même si j'ai l'impression que le son vient de tout autour.
Je sens une présence. C'est d'elle que provient l'odeur. Fruitée, agressive. Elle me frôle. Elle me touche. Je sens des doigts sur mon bras, mon front, mes jambes, mon dos. Je me rends compte que je suis nu. Je me débats, fais du vent de mes mains...
Et la lumière.
Todom.
Au début ce n'est qu'un point minuscule. Il grossit. Atteint la taille d'un poing. D'une tête. Bientôt il m'écrase, m'oppresse comme si j'étais un mur qu'il lui fallait franchir. Il finit par trouver une faille. S'engouffre en moi, parcourt mes veines pour atteindre les yeux. Il les brûle. Il les irrigue. Me rend la vue. Je hurle.
Todom. Todom. Todom.
Je me retrouve face à un Oeil blanc gigantesque. Je cours. Je fuis. Mes jambes refusent de bouger. En fait je n'en ai plus. J'essaie de me débattre mais mes bras ont disparus. Je continue de hurler. L'Oeil grossit. Il ne me regarde pas. C'est moi qui regarde. Je suis devenu sa pupille. Un battement de cils. Il me pleure. Je me liquéfie. Je tombe...
Todom. Todom. Todom. Crac.
Ca fait mal, mais j'ai retrouvé mon corps. Mon dos brûle de douleur. Il se met à pleuvoir. Je me relève mais tombe aussitôt sur les genoux. Mes jambes sont brisées. Il pleut de plus en plus. Inondation. Je patauge dans un liquide visqueux. Noir. Horriblement noir. La pluie fait un bruit immonde. Elle siffle comme autant d'obus qui tomberaient. Les gouttes s'écrasent sur mon corps. Noires. Elles me rongent. Dévorent chaque centimètre carré de peau nue. Je me transforme en ombre. Les jambes, les mains, les bras, le torse, le ventre, le cou.
Je relève la tête. L'Oeil gigantesque trône là haut et me regarde en pleurant.
Je me réveille...


-- extrait de V-Day acte premier
version non définitive --

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité